COUP DE FOUDRE POUR LE VTTAE

On n’oublie jamais sa première fois. C’est vrai ! Attendez... Ce n’est pas ce que vous croyez. Vous avez vraiment l'esprit mal tourné. Je voulais parler du VTTAE bien sûr.

comme la toute premiere fois

Vous auriez pu croire que le pilote VTT vétéran que je suis avait découvert depuis longtemps déjà les joies des sorties électriques, mais pas du tout. À vrai dire, j’avais toujours été un peu hésitant, car je craignais qu’après avoir essayé un VTTAE, je n’aurais plus eu envie de remonter sur un vélo traditionnel comme celui qui m’avait permis de gagner ma vie. Il s’avère que cette crainte était fondée.

Comme la majorité des projets les plus intéressants, tout a débuté par un appel surprise de Toby Shingleton, le « Monsieur Shimano » australien et véritable légende. Alors que le reste du monde se débattait contre la pandémie de la Covid-19, la Nouvelle-Zélande avait été relativement épargnée et les infections ou les restrictions n’étaient pas généralisées.

Il voulait me proposer une escapade à vélo électrique dans des conditions claires : former un groupe de Kiwis, trouver un lieu splendide, rouler sur des trails épiques et prendre des photos sensationnelles, le tout sur des VTTAE. Après un bref débat, nous avons identifié la destination parfaite : la ville de Nelson, dans le nord de l’Île du Sud de Nouvelle-Zélande. Au cours des dernières années, Nelson est devenue une Mecque du VTT pour les Néo-Zélandais connaisseurs. Il suffit de regarder les collines abruptes qui encerclent la ville pour comprendre que la majorité des trails seront sous l’emprise considérable de la pesanteur, la meilleure amie du vététiste. Le seul problème est que cette amie est une grosse hypocrite qui n’hésitera pas à plomber l’ambiance dans les côtes. Le VTT à assistance électrique semblait la solution parfaite.

Nous allions exploiter l’assistance au pédalage pour parcourir le plus grand nombre de kilomètres possibles les trails variés et emblématiques de Nelson. Nous avons très vite compris qu’avec cette autonomie étendue, nous allions avoir besoin de quelqu’un qui connaissait bien le terrain pour atteindre notre objectif. Une fois ce problème résolu via un coup de téléphone rapide à mon ami Sven Martin, résident local et photographe extraordinaire, nous avons plongé dans les préparatifs afin de profiter au maximum de nos trois jours à Nelson. Les choix de trails étaient illimitées. Entre le grand réseau de singletracks bâti au travers de la végétation locale jusqu’aux pistes 100% descente ou 40 kilomètres de chemins alpins, le choix était difficile. Il était évident que 3 jours suffiraient à peine à gratter la surface.

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Nous avons organisé une réunion Zoom pour ce groupe de marginaux chargés d’exécuter le projet. Le premier d’entre eux était Brook MacDonald qu’on ne présente plus. J’ai la chance de compter Brook parmi mes amis depuis de nombreuses années. Nous avons vécu pas mal de bons moments sur les pistes de descente de la Coupe du monde et hors de celles-ci. Ensuite, il y avait Matt Walker, un de mes meilleurs potes, compagnon de voyage et coéquipier chez Pivot Cycles. Pour donner un peu plus de piment à notre ménagerie et afin de pouvoir compter sur l'aide d'un guide local, nous avons recruté Sven Martin, de Nelson, comme photographe du projet. Et, bien entendu, votre humble serviteur, Eddie Masters, génie touche-à-tout du cyclisme, lanceur de tendances et influenceur légendaire sur les réseaux sociaux.

Comme dans la majorité des réunions Zoom auxquelles je participe, elle s’est vite transformée en festival de pitreries et de blagues (principalement aux dépens de Sven). Nous avons également eu une avant-première de la nouvelle terrasse de Brook. Une ébauche de plan a malgré tout émergé. Malgré l'ébauche, les éléments du projet commençaient à se mettre en place.

Un mois plus tard, nous étions presque prêts. J’insiste sur « presque ». La pandémie et la panique qui s’en était suivie avait désorganisé les chaînes d’approvisionnement internationales et les routes maritimes. Matt et moi avions en main un numéro de suivi, mais pas les vélos associés. Après deux jours passés à appeler sans relâche les transporteurs et un rendez-vous avec un camion de livraison sous le couvert de la nuit, nous avions enfin pu mettre la main sur nos vélos. Quand je dis « vélo », il faut comprendre le cadre nu et des boîtes contenant les composants. La veille de notre départ, à 21h00, nous sommes rentrés chez nous où nous attendait Kurt, notre mécanicien, pour assembler nos deux VTTAE pour le lendemain matin. Il avait réussi et à 10 heures du matin, à l’aéroport de Queenstown, j’ai entendu l’annonce suivante : « Le passager Masters est prié de se présenter à l’enregistrement des bagages ». Personne ne m'avait dit qu’envoyer un vélo électrique en soute sans avoir retiré les batteries n’est pas une bonne idée. Si vous ne l’aviez pas encore compris, le VTTAE était vraiment une nouveauté pour nous.

Après avoir résolu ce problème, j’ai embarqué, je me suis installé, j’ai fermé les yeux et j’ai profité du vol jusqu’à l’île du Sud. J’ai été réveillé par les turbulences lors de la descente vers Nelson, baignée par le soleil au sud de la Baie de Tasman. Anka, l’épouse de Sven était venue nous chercher à l’aéroport avec son Land Cruiser. Elle aussi appartient aux légendes du VTT et elle avait proposé de remplir les fonctions de chauffeur, de chef et, plus important, de responsable du camp pendant notre voyage. Sven et Anka habitent sur les hauteurs, à 15 minutes en voiture au nord de Nelson. Leur maison est vraiment toute proche du Cable Bay Adventure Pak où nous avions décidé d’aller rouler pour la première journée. Ils nous avaient également dégoté une chambre d’hôte remarquable qui allait faire office de camp de base.

BIKE CHECK EDDIE MASTERS

EP8 Equipped Pivot Shuttle

Cette première journée passée sur nos montures électriques fut mémorable. Après avoir allumé le moteur, nous avons franchi les barrières de la ferme pour grimper vers Cable Bay Adventure Park. Ce parc est assez récent et il doit sa création à Richard Issher (ancien skieur olympique et légende multisport). Au cours des deux dernières années, Richard et ses équipes ont développés quelques-uns des trails les plus remarquables de Nouvelle-Zélande. Nous avions choisi ce parc en raison de ces grandes montées et de ces descentes brutes et vierges. Le dénivelé de 800 mètres et les kilomètres de singletracks créés par l’homme faisaient du parc le terrain de jeu parfait pour nos nouveaux VTTAE et leurs pilotes novices.

Un seul tour avait suffi pour nous faire comprendre que la journée allait être sensationnelle. Nous avons débuté par une descente sur le trail Gamble. Quelle agréable surprise de voir que Brook avait récupéré toutes ses forces après son accident et qu'aucun obstacle du terrain ne lui résistait. Nous avons ensuite rapidement enchaîné avec les trails Jurassic et CCR et après près de 2 000 mètres de montée et de descente avant le déjeuner, nous avons fait une pause au café pour boire un flat white (un café à la sauce néo-zélandaise que je recommande vivement). Alors qu’il restait une barre sur l’indicateur de la batterie, nous sommes repartis pour un tour pour conclure la journée. À l’issue d’une descente raide et argileuse baptisée The Pines, les six membres de l’équipe (y compris l’équipe vidéo) avaient tous le sourire aux lèvres quand nous avons bu nos bières fraîches à l’arrivée. Un tour du parc sur un vélo traditionnel aurait fait souffrir le plus en forme des pilotes, mais nous avions enchaîné quatre tours et l’après-midi ne faisait que de commencer. J’avais peine à croire les possibilités qu’offraient ces VTTAE. Mes craintes initiales se matérialisaient. J’étais tombé amoureux.

La consigne du deuxième jour était « repousser les limites et explorer les zones inaccessibles ». Sven (adepte lui aussi du VTTAE) nous avait réservé quelques surprises avec une sortie vers un lieu difficile d’accès qu’il avait exploré récemment grâce à l’assistance au pédalage. Nous avons donc pris la route vers l'inconnu. Notre destination était simplement baptisée « Point X » et, sans vouloir en dévoiler de trop, je dirai simplement que le labyrinthes de pistes entre Nelson et Cable Bay est remarquable. Toutes offrent des vues imprenables sur la mer de Tasman et un potentiel pour vététiste à chaque virage. Grâce aux batteries chargées et au plein de café, l’équipe n’a fait qu’une bouchée des côtes qui, avec un vélo normal, aurait impliqué beaucoup de portage.

Avec les vues depuis Golden Bay à l’ouest jusqu’à Marlborough Sounds, il n’y avait pas de quoi se plaindre. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient et la playlist que nous avait préparé la nature était seulement interrompue de temps à autre par Sven qui s’écriait « En voici un autre ». Au cours de sa mission d’éclaireur, Sven avait identifié un hip naturel recouvert d’herbe. C’est là que nous avons décidé de nous amuser un peu. Avec l’aide du moteur, nous n’avions pas de problème pour prendre de la vitesse et l’idée de refaire quelques sauts pour la caméra n’a posé aucun problème. Sur le chemin du retour, nous nous sommes laissé envoûter par le coucher de soleil sur Cable Bay et Peppin Island et pour la deuxième journée consécutive, nous ne pouvions arrêter de sourire.

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Jamais je ne m’étais réveillé avec les jambes relativement fraîches après de longues journées à vélo. La sensation était très agréable. Nous avions déjà deux grosses journées au compteur, mais l’énergie était au niveau maximum pour le dernier jour. Toute l’équipe était impatiente de voir ce que Sven avait prévu pour le dernier jour. Le plan de cette troisième journée était simple : se rendre en ville et essayer de réaliser un maximum de trails classiques diamant noir sur une seule charge. La majorité des trails de Nelson est accessible depuis Fringed Hill, un promontoire qui domine la baie de Tasman et la ville à une altitude de 800 mètres. Pour arriver au sommet, il faut emprunter une route forestière raide qui crame les cuisses, mais nos grimpeurs électriques ont vite résolu le problème si bien qu’à l’arrivée, il nous restait des forces pour pratiquer des wheelies pour le plus grand plaisir d’arboriculteurs qui prenaient leur pause du matin.

Depuis Fringed Hill, nous avons décidé de pousser jusqu’à Sunrise Ridge via le trail Black Diamond, un chemin de traverse raide et technique. Nous connaissions bien nos vélos et Black Diamond était le terrain parfait pour tester les limites de grimpeur des VTTAE. Vous pourriez croire qu’à ce stade-ci de l’aventure, ces vélos ne pouvaient plus me surprendre, mais une fois de plus, ils m’ont époustouflé. Ils n’ont fait qu’une bouchée des pierres affilées et glissantes et des racines. Quand nous sommes arrivés sur Sunrise Bridge, je me suis mis à rêver à tous les lieux que je pourrais atteindre et à tout ce que je pourrais faire avec ce vélo une fois de retour à la maison.

Sven nous avait amené jusqu’ici afin que nous puissions jeter un œil au nouveau trail 660. La quantité de trails construits à Nelson témoigne de la motivation de la communauté VTT locale et la 660 le confirmait. La 660 exploitait la disposition naturelle du terrain et offrait un peu de tout. J’y aurais passé toute la journée si j’avais eu le temps. Le plus grand défi de ce projet était de choisir l’endroit où s’arrêter pour prendre les photos. On aurait dit que chaque virage dévoilait une caractéristique du trail ou un paysage qui méritait d’être pris en photo. On s’est tous dit en rigolant que des problèmes comme celui-là, on en redemanderait.

Nous avons parcouru les routes forestières raides et les descentes sauvages de Nelson jusqu’à ce que la lumière du jour et nos batteries commencent à diminuer. Les meilleures choses ont une fin. Pour la dernière descente du voyage, nous sommes laissé envahir par la nostalgie et nous avons choisi la descente emblématique de Kaka Hill. Nous avions tous courus sur cette piste au début de notre carrière de descente. Comme je l’ai déjà dit, une des surprises les plus agréables du voyage fut de voir Brook pratiquer le sport qu’il adorait après son tragique accident. J’étais heureux de le voir descendre à fond sur Kaka Hill DH, dévorant les virages relevés avec son style unique. Il n’y avait plus de doute : le Bulldog était bel et bien de retour.

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La nuit était sur le point de tomber et nous avons donc décidé de mettre un terme à ce qui avaient été trois journées incroyables avec des compagnons exceptionnels. Quand j’y repense, j’avais eu raison de me méfier des VTTAE. Ils sont dangereusement amusants et les possibilités qu’ils offrent sont vraiment illimitées.

Nelson n’a pas à rougir de ce qu’elle peut offrir aux vététistes. La qualité des trails, la diversité et les niveaux de difficultés sont de niveau mondial. Tout pilote passionné devrait la noter sur sa liste de lieux à visiter. Ce fut également la destination idéale pour permettre à trois pilotes de descente de découvrir la révolution électrique. Je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant de temps à la rejoindre.

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