Quand on observe le paysage autour de Genk, elles attirent rapidement l'attention. Telles des pustules, elles s'élèvent de la terre, les décombres d'antan. Littéralement. Si lors de notre précédente excursion nous avons exploré autour de Liège, au cœur de l'ancien centre de l'industrie sidérurgique, ici était extrait le combustible utilisé pour alimenter ces énormes hauts fourneaux. Alors que toute trace de cette histoire a disparu aux Pays-Bas, en Belgique, on prend mieux soin de cet héritage. Les terrils miniers sont désormais boisés, la bruyère y pousse, il y a des musées, des magasins et des restaurants. Et, un nombre sain de dénivelés qui se prêtent extrêmement bien aux pistes VTT. 

Nous décidons de faire cette balade en VTT électrique. Il y a tant de pistes qui se trouvent dans une zone fortement boisée, avec les dénivelés nécessaires, que c'est le vélo idéal pour cet environnement, permettant de parcourir un peu plus rapidement les distances. Après une visite au Shimano Experience Center à Valkenburg en Pays-Bas, nous optons pour l'Orbea Rise, équipée d'un moteur EP8 subtilement ajusté. Idéal pour nous, des puristes non adeptes des e-bikes, car l'assistance est beaucoup plus subtile et est remarquablement léger. Peu de temps avant le départ, nous décidons de nous lancer à trois. Ward et Irmo sur leur VTT électrique, Nas-Raddine sur un fully entièrement propulsé par ses propres efforts.

Waterschei

De Maastricht, nous sommes à la terril de Waterschei à Genk en moins de trente minutes. C'est pratiquement un match à domicile. Avant de partir, nous vérifions la pression de nos fourches, amortisseurs et pneus et après quelques petits ajustements, c’est parti. 

Devant nous se dressent les anciennes tours d'ascenseur. De véritables colosses d'acier sous lesquels les puits plongeaient des centaines de mètres vers le bas pour extraire l'or noir et descendre les mineurs vers leurs lieux de travail sombres et chauds. Même aujourd'hui, le site où était situé le siège principal de Thor Central est toujours aussi impressionnant. Les bâtiments sont imposants et brusques. Nous jouons un peu sous la tour de levage, jetant parfois l'arrière de nos vélos un peu trop enthousiastes de côté et nous disparaissons peu après vers le vert derrière nous, droit dans le Parc National de Hoge Kempen. Nous roulons autour de la terril de Waterschei, où sur le flanc nord-est, de nombreux pistes VTT existent depuis des années. Désormais entretenus par le club local Genkertrails et avec le soutien de l’association Natuur & Bos, un véritable centre de sentiers est en cours de création. Après des années de litiges, c'est un développement bienvenu qui sera scellé par l'ouverture officielle le 26 novembre.

Les terrils miniers ont une apparence imposante et abritent un magnifique mélange de forêts et de landes. De jeunes bois, sur un terrain accidenté, où ces vélos électriques se sentent parfaitement à leur place. Nous serpentons avec beaucoup de fluidité à travers la forêt et sur les landes, empruntant des sentiers étroits. Le terrain ici est encore assez doux, avec de bons virages mais jamais trop techniques. 

Cela change lorsque tu arrives sur le flanc Est du terril, sur le site du futur centre de trails. Bien que la superficie soit relativement petite, il y a une quantité considérable de pistes. Certaines sont plus techniques que d'autres. Des pistes d'accès ont été aménagées sur les côtés nord et sud, qui sont assez raides et avec des lacets serrés, elles sont également assez exigeantes. Une fois en haut, vous avez le choix entre plusieurs lignes qui peuvent être assez techniques par moments. Nous profitons pleinement. En somme, nous attendons avec impatience l'ouverture de ce centre de trails.

Nous quittons les terrils de Waterschei derrière nous via une bande de lande et peu après, nous longeons Zwartberg. Le chemin nous mène juste à côté d'une piste d'atterrissage pour planeurs et peu de temps après, nous passons à côté du terrain où se déroule un match de foot au beau milieu du quartier ouvrier de Noorderwijk Zwartberg. 

Ceux qui connaissent un peu la région minière reconnaîtront immédiatement le style architectural caractéristique. Nous continuons notre route, longeant les jardins arrière sur la voie des anciens chemins de fer miniers, en direction des maisons de la direction et des ingénieurs. Des petites habitations ouvrières aux grandes villas luxueuses. Il faut bien qu'il y ait des différences.

Hengelhoef & Winterslag

Ici, constructions et nature composent un patchwork impressionnant. Un moment nous roulons entre les maisons et l'instant suivant en pleine nature, plus précisément dans la réserve naturelle de Hengelhoef. Soudain, des rubans apparaissent devant nous et nous voyons une masse de lycra filer à travers la forêt. La saison des randonnées VTT est de retour et notre itinéraire prévu traverse celui de la randonnée organisée. Nous modifions notre plan, raccourcissons un peu le parcours et continuons à pédaler. En empruntant l'ancien singletrack le long de l'E314, nous nous dirigeons vers Winterslag.

Dans la forêt au pied de ce terril, tu peux te perdre en tournant en rond. Et, grimper. Environ 100 mètres de dénivelé positif. Ward donne le ton et décroche un pied de la pédale. Sans se plaindre, l'Orbea persiste. Derrière, Irmo suit son exemple, tandis que Nas-Raddine, en grimaçant, fait grimper les wattages. La facilité avec laquelle tu grimpes, surtout sur un terrain technique, est assez stupéfiante. Et le dessert qui suit cette belle montée vaut le détour. Des pistes délicieuses en descente, bien techniques, qui demandent de réels coups de guidon. C'est un type de pistes que nous, à seulement trente kilomètres de distance, ne connaissons pas. 

La joie des sentiers est reliée par une étroite bande de forêt au site de C-MINE. Cette ancienne mine de Winterslag raconte l'histoire de l'extraction du charbon qui a dominé la région pendant des décennies. La mine de Winterslag a ouvert en 1902 et a joué un rôle crucial dans le développement économique de Genk et de la région environnante. Des milliers de mineurs, souvent venus de différentes parties de l'Europe, sont venus y travailler, ce qui a contribué à la diversité culturelle de la région. En 1988, l'aventure minière a pris fin, mais au lieu de laisser le site à l'abandon, un choix similaire à celui de la région de la Ruhr a été fait pour la transformation et la rénovation, et cela avec succès. Aujourd'hui, le site est une attraction touristique.

La fin approche. Nous parcourons encore quelques pistes que nous avons repérées grâce à Trailforks, car il y a tant de sentiers ici. Largement assez pour des heures d'amusement, où le vélo électrique apporte sa solution. Descendre en flèche et monter relax. Ça a définitivement ses avantages. D'ailleurs, pour un cycliste non électrique, c'est parfois une sensation étrange. La fréquence cardiaque reste bien plus basse et sans avoir l'impression de s'être vraiment fatigué, on arrive en haut sans problème, aussi raide ou technique que soit la montée. 

Que le terrain sur lequel nous avons roulé exige vraiment un effort est confirmé par Nas-Raddine. Sur un VTT conventionnel, en montée, il s'agit surtout de doser son effort là où le vélo électrique en vient facilement à bout. Du point de vue physique, cela peut ne pas être ce que tout le monde recherche, et nous nous rangeons dans cette catégorie. Mais il faut admettre que le vélo électrique ouvre des perspectives. Tu peux en effet attaquer des montées que tu ne pensais pas possibles et cela à répétition. L'énergie que tu économises est alors précieuse pour les descentes à venir. Et pour être honnête, en montagne, c'est vraiment une aubaine. En somme, une belle expérience qui donne envie de réitérer et ainsi se termine une magnifique journée d'automne sur les sentiers de Genk. Une région que nous fréquentons souvent et qui avec le nouveau centre de trails, détient un nouvel atout.

Infos & astuces

Au Shimano Experience Center il est possible de louer des e-bikes. Pour se garer à Genk, le meilleur endroit est le Thor Park, situé au 67, André Dumontlaan.

Itinéraire

Cet itinéraire est également tout à fait faisable sans VTT électrique.

À propos de ‘local & beyond’

Dans cette série d’histoires, Nas-Raddine Touhami et Irmo Keizer partent en VTT avec divers cyclistes invités. Nous le recherchons près de chez nous à la recherche de défi et surtout de plaisir. Les parcours sont polyvalents, souvent avec une touche historique, mais surtout inspirants..

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